Naoto Kuroda

Pas de mère, pas de père, pas de frère ni de sœur. Un début de vie bien vide, n’est-ce pas ? Et avec les années rien ne s’arrange. Je n’ai pas été adopté et je suis allé de foyer en foyer, de ville en ville pour agrandir mes chances de “plaire”. Un objet, voilà ce que j’étais.

Je n’ai pas de souvenir heureux de mon enfance. Mon cerveau a fait en sorte que j’oublie tout ça pour me protéger. Je ne me rappelle plus des enfants avec lesquels j’ai partagé un bout de vie en orphelinat, je ne me souviens plus des dames qui m'ont élevé et surtout, je ne me souviens pas avoir été heureux.

Mes premiers souvenirs remontent quand j’avais six ans. Je me souviens des dimanche après-midi de visite et des parents qui défilaient devant moi sans le regarder. À cette époque-là, j’étais disgracieux, ce qui faisait de moi un enfant non adoptable. Les éducateurs ont alors décidé de me faire changer de centre dans l’espoir d’attirer les chances sur moi, de voir plus de parents et peut-être qui sait trouver une famille ? Cela a duré neuf ans et en neuf années, j’avais fait presque tous les centres du pays. J’étais devenu un poids pour les éducateurs, alors j’ai été mis dans un centre pour adolescents, vous savez ceux qu’on ne prend pas la peine de visiter, ces adolescents qu’on oublie, car ils sont bien trop grands pour être adoptés ?

J’ai fugué plusieurs fois jusqu’à ce que je réussisse mon coup. Je suis retourné à Kyoto, là où tout a commencé, je pense être né dans cette ville, mais je n’en suis pas sûr. Je n'ai alors dix-neuf ans, pas d’argent, pas de toit et ni de travail.

Je vis dans la rue, la même rue depuis plusieurs mois et je fais ce que j’ai à faire pour survivre. Mendier, chercher du travail par-ci par-là mais sans diplôme, sans rien, c'est dur. Oui, être trimballé de foyer en foyer n’a pas été très fructueux et j’ai eu de mauvais résultats. Je ne suis pas très intelligent, mais je fais tout pour me rattraper.

Je n’ai jamais trouvé d’argent, mais au fil du temps les passants apprenaient à me connaître, certains discutaient avec moi, d’autre avait pour habitude de m’offrir de la nourriture que je partageais toujours avec mes voisins de trottoir. Mais il y avait cette fille égoïste que j’ai vu une bonne dizaine de fois. Une petite bourgeoise au caractère égoïste, je me souviens d’elle, car elle a était la seule à être aussi froide, moqueuse avec moi et du jour au lendemain, je ne l’ai plus jamais revu. Le jour où j’ai fait ce vœu en voyant une étoile filante plus brillante et plus grosse que celle que j’avais déjà pu voir auparavant dans la vie.

Croyez-vous à la chance ? À la magie ? Moi, j’y crois depuis ce jour, depuis que j’ai trouvé ce billet au sol et que je me suis acheté un sandwich, un cola et un loto.